Cas clinique
Mme R., 39 ans, mariée
Adressée par son médecin traitant pour «dysplasie
légère» du col lors du dernier FCV
Antécédents
Familiaux = 0
Médicaux = 0 (pas dallergie)
Gynéco-obstétricaux
- 1ères règles à 18 ans
- cycles très irréguliers avant la prise dOP
- problème de stérilité
- G3P3 (voie basse/ 84, 85, 95) après stimulation de lovulation
- conisation du col sous contrôle colposcopique avec laser en
juin 89, pour dysplasie sévère avec foyer microinvasif
- atcd dinfection probable à hPV (koilocytes sur biopsie
cervicale en 89, mari traité pour condylomes plans du prépuce)
Chirurgicaux
Coelioscopie en 82 pour bilan de stérilité --> RAS
Mode de vie, facteurs de risque, traitements usuels
CAT
Biopsie cervicale sous colposcopie : endocervicite aigue érosive
réépithélialisée avec métaplasie malpighienne
et présence datypies cellulaires
TTT au laser
TTT antibiotique anti-inflammatoire : MINOCYNE 2 cp/ jour pdt 8
jours; COLPOSEPTINE 1 cp gynéco le soir pdt 8 jours.
Épidémiologie
Début au 19e siècle
Néoplasies cervicales intraépithéliales (NCI ou CIN)
= lésions préinvasives = dysplasies --> précurseurs
directs des cancers invasifs
Fréquence des CIN ++ : en constante augmentation
Notion
de groupes à risques
Notion de "facteur masculin" : âge précoce
au premier rapport, nombre élevé de partenaires, infections
génitales fréquentes
Autres : forte consommation de tabac, grossesses multiples, facteurs
génétiques, immunodépression
--> favorisent laction de hPV (secondairement HSV 2) = facteur
++ de l' oncogenèse cervicale
NB: les OP ne peuvent être considérés comme
FDR pour les cancers malpighiens du col
Un
problème de santé publique
Recrudescence des carcinomes invasifs chez les femmes jeunes (20-34ans)
Le développement des méthodes de dépistage (examen
cytologique) et d' exploration (colposcopie et biopsie) peut permettre
un ttt précoce
ttt des dysplasies = prévention du cancer du col
Place ++ des médecins généralistes
Les
CIN
Définition histologique
Naissance à la zone de jonction cylindrosquameuse
Les lésions préinvasives du col = ensemble des anomalies
cellulaires, de la différenciation et de la maturation de l' épithélium
pavimenteux qui sont strictement intraépithéliales :
- Désorganisation architecturale
- Prolifération des cellules plus ou moins différenciées
avec les caractéristiques cytologiques de malignité
- Sans rupture de la membrane basale
- Association , à différents degrés, aux stigmates
d' inflammation à PVH = koilocytes (groupes 1 et 2)
Classification
Lésions à progression LENTE, précédant
la lésion directement infiltrante à mode dévolution
RAPIDE (cancer)
Histologie
|
Dysplasie
|
Légère
|
Modérée
|
Sévère
|
Carcinome in situ
|
CIN
|
grade I
|
grade II
|
Grade 3
|
Richart
|
Néoplasie intra-épithéliales
|
|
Cytologie
|
Bethesda
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Bas grade
|
Haut grade
|
hPV
:virus à ADN
Infection à hPV du col : asymptomatique, détectée
par FCV dans 3% de la population active
La 1ère cellule infectée: cellule basale de l'épithélium
malpighien + cellule de réserve de l'épithélium glandulaire,
avec une prédilection pour la zone de jonction
Cellule infectée = koilocyte : noyau rétracté,
vacuolisation cytoplasmique
Certains types de hPV seraient plus virulents : HPV 18
Diagnostic:
trépied frottis, colposcopie, biopsie
Le
frottis CV
Modalités
Chez qui : femmes en activité sexuelle depuis 2 ans
Tous les ans, puis tous les 2-3 ans après 2 FCV normaux, sauf changement
de partenaire ou examen clinique anormal
Vigilance et fréquence ++ chez les femmes fumant et/ou ayant des
POM
Réalisé avant le TV, en dehors des menstruations et dun
contexte infectieux local
Résultats : Cytologie
Signicatif si comporte soit les cellules de la zone de jonction (atteinte
en priorité), soit des cellules endocervicales
5 conditions de fiabilité du FCV
- Prélèvement sur la zone de jonction exo-endocervicale
(bonne visualisation du col à l aide du speculum)
- Étalement correct, sur lame, du mucus recueilli par la spatule
de AYRE + scrinett
- Bonne fixation (spray, alcool ether)
- Bonne coloration
- Interprétation attentive de lanapath.
La
colposcopie
Modalités
A la loupe binoculaire : muqueuse cervicale et stroma sous-jacent
puis test à lacide acétique et au lugol
Acide acétique à 3% : précipite les protéines
cytoplasmiques dont les cellules dysplasiques sont riches : les zones
dysplasiques apparaissent blanches ("zones acidophiles")
Lugol : teinte en brun le glycogène dont les cellules dysplasiques
sont pauvres: les zones dysplasiques sont non-colorées par le lugol
("zones lugol négatives")
Intérêt :
Localiser la zone de jonction/ zone de transformation/ létendue
des lésions vers lendo et lexocol
Faire des biopsies dirigées
Détecter des lésions vaginales, vulvaires (fréquence
de la multifocalité des lésions virales)
Préciser si la lésion est entièrement exo-cervicale
(visibilité de la zone de jonction?)
La
biopsie
Histologie. Sous colposcopie. Simpose devant toute suspicion cytologique
ou colposcopique de lésions virales ou de CIN.
Évolution
d' une dysplasie
Quel que soit son stade, une lésion dysplasique peut évoluer
de 3 facons :
- Régression et guérison spontanée
- Persistance sous forme dune anomalie stable
- Dysplasie plus sévère, CIS, cancer µinvasif ou
invasif
Il ny a aucun critère cytologique, colposcopique ou histologique
pour évaluer le potentiel évolutif dune lésion.
Cependant le risque de progression vers un cancer invasif est fonction
du grade : CIN 1: 30% ; CIN 2: 40%.
Conduite à
tenir
Le choix du ttt va dépendre:
- du type de dysplasie
- de létendue des lésions, de la possibilité
ou non de visualiser en colposcopie son étendue vers le canal
endocervical
- de lâge de la patiente
- du désir de grossesse
- des possibilités de surveillance par la suite
But : empêcher lévolution vers une forme plus grave
et la contamination virale ++

Dysplasie
du col : stratégie de prise en charge
Lésions
de bas grade
ttt conservateur pour éviter la contagion et les "perdus
de vue".
Dans tous les cas: examen du/des partenaires : essentiel pour éviter
les échecs thérapeutiques (lésions virales chez 40-60%
des partenaires de femmes porteuses de lésions virales ou de dysplasies
cervicales)
Destruction locale: le ttt conservateur
Le plus utilisé, par vaporisation laser CO2, cryocoagulation ou
électrocoagulation
Vapo laser CO2 = méthode de choix : précision (sous colposcopie),
qualité de la cicatrisation, sans sclérose secondaire, maniabilité,
en ambulatoire, sans AG ni AL, ni prémédication, sur une
profondeur de 5-7 mm selon les lésions, en débordant de
2 à 3 mm les limites externes de la lésion.
La conisation : ttt radical
A la lame de bistouri ou bistouri électrique ou au laser CO2 (pas
de sténose postop) sous AL, après repère colposcopique
Hauteur adaptée à la taille de la lésion
Hôpital de jour
Examen de la pièce opératoire : en coupes sériées,
pour éliminer un cancer µinvasif
Surveillance
post-thérapeutique
Lésions souvent plurifocales (le virus peut être
retrouvé en tissu sain en périphérie --> source
de récidive)
Un contrôle cytologique et colposcopique à 3 mois après
ttt, puis tous les 6 mois pdt 2 ans, puis 1 x /an, pendant 10 ans
Biopsie, au moindre doute colposcopique
Conclusions
Orientation dun diagnostic par les frottis de dépistage,
confirmation par l' examen de biopsies et pièces de conisation
--> cet ensemble de moyens cliniques et anatomopathologiques doit permettre
100% de guérison des lésions non invasives.
3 atouts de la régression du cancer du col :
- Régularité de la pratique des FCV sur les femmes en
période dactivité sexuelle
- Significativité du frottis
- Bonne interprétation par lanapath
Frottis et colposcopie simposent :
- devant la découverte de condylomes vulvaires ou périnéaux
- si le partenaire est porteur de telles lésions
Testez-vous
Femme de 22 ans, sous oestroprogestatifs
Vous êtes son médecin traitant et la recevez pour un examen
gynéco de routine
Spéculum: lugol négatif; le test à lacide acétique
montre une zone périphérique du col légèrement
acidophile
FCV: métaplasie malpighienne évoquant une zone de remaniement
Que faites-vous ?
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